Les prochains billets auront pour
but de répondre à vos questions.
Quand avez-vous commencé à écrire
et pourquoi avez-vous choisi ce métier ?
Mes premières histoires remontent à l’adolescence, en secondaire un, dans la classe de madame Jocelyne. Je me souviens qu’elle ne m’aimait pas tellement (c’était réciproque). Elle trouvait que mes cheveux étaient toujours décoiffés, mes ongles étaient sales, il manquait un bouton à blouse, ma jupe était trop courte, tachée, fripée, le bord décousu (elle avait une fixation sur ma jupe !), que je n’étais pas attentive à ses leçons, soit j’étais dans la lune ou bien en train de bavarder avec mes camarades. Bref, j’étais loin d’être sa préférée, sauf en devoir de composition (production écrite pour les plus jeunes que moi).
Madame Jocelyne a été la toute première à
me dire que j’avais une plume intéressante. « C’est toi qui as écrit ça ?
Tu ne t’es pas fait aider ? » me demandait-elle en me remettant ma
copie annotée d’un air soupçonneux. Un jour, elle nous a soumis à un test de
composition. Hou la la ! La classe au complet a regimbé. Un fin finaud s’est
écrié : « Ce n’est pas dans le plan de cours, mademoiselle ! »
Sourire en coin, madame Jocelyne a ignoré sa remarque et a exigé une page
seulement sur un sujet de notre choix. Nous avions une heure devant nous pour
lui remettre notre copie.
Mes camarades se sont absorbés à la tâche immédiatement. Madame Jocelyne se promenait dans les allées en jetant un coup d’œil sur les copies en passant. Elle s’est arrêtée à côté de moi. « Je constate que vous n’avez rien écrit encore, mademoiselle Gauthier ? » m’a-t-elle murmuré à l’oreille. « En panne d’inspiration ? » a-t-elle ajouté, le sourcil arqué. « Ou bien est-ce que ce test-surprise serait propre à confirmer mes soupçons ? » a-t-elle conclu comme l’aurait fait Miss Marple dans toute sa splendeur. Elle s’est redressée et je l’ai regardé s’éloigner en se dandinant. Ce test visait-il à me tester personnellement ?
Bon, il fallait absolument que je
lui prouve la vérité. J’hésitais à commencer parce que j’avais trop de sujets
en tête. Je ne savais pas lequel choisir. J’ai regardé l’horloge au-dessus du
tableau noir. Hiiiii ! Il me restait moins de quarante minutes pour
remettre au professeur un quelconque produit de mon imagination. Du calme !
Du calme ! T’es capable ! me suis-je dit en inspirant profondément.
Une idée m’est venue soudain. Comme je n’avais pas le temps d’élaborer sur un thème
en particulier, et puis, une page seulement ce n’était pas assez selon moi, j’ai
simplement écrit sur… l’écriture. Comment je me sentais en écrivant, comment je
m’y prenais pour écrire sur ceci ou cela, quels étaient les auteurs qui m’inspiraient,
quelles étaient mes habitudes d’écriture et bla-bla-bla…
J’ai remis ma copie sur le bureau
de mon professeur dans le temps voulu. D’accord, ce n’était pas l’histoire que
j’aurais voulu écrire pour l’épater, mais l’exercice m’a révélé néanmoins que l’écriture
me rendait extrêmement heureuse.
Demandez-vous à l’heure la plus silencieuse de votre nuit ; me
faut-il écrire ? Creusez en vous-mêmes à la recherche d’une réponse
profonde. Et si celle-ci devait être affirmative, alors bâtissez votre vie
selon cette nécessité. Rainer Maria
Rilke – Lettre à un jeune poète
Et Madame Jocelyne a enfin compris que la jupe obsédante appartenait à une auteure?
RépondreSupprimerDiana
En cette fin d'année-là, j'ai reçu le prix d'excellence pour le meilleur récit. ;-)
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