mardi 22 mai 2012

Ciel d'orage


Bien que les deux se ressemblent en plusieurs points, je vous avise que ce billet n’est pas influencé par le climat actuel au Québec, mais concerne plutôt les perturbations atmosphériques.

Combien d’entre vous tremble de peur lorsque l’air se charge d’électricité, que le vent se déchaîne et que le ciel gronde en déversant sur vos têtes des trombes d’eau ? Sursautez-vous chaque fois que la foudre éclate en roulant des yeux épouvantés ? À part de fermer les fenêtres, êtes-vous du genre à débrancher tous les appareils dans votre maison ainsi que le téléphone, à vous abstenir d’ouvrir les robinets et à vous interdire de prendre une douche ? Vous n’allez tout de même pas jusqu’à vous enfermer dans le placard, le temps que tout passe ?!  

Vous voyez où je veux en venir ! Vous soupçonnez que je suis branchée ces jours-là sur Météomédia et que je disjoncte complètement lorsqu’il diffuse des alertes sérieuses. Désolée, mais je tripe au boutte ! Je vibre au même rythme que les grondements du tonnerre, je m’extasie devant la puissance d’un ciel déchaîné, je frissonne de plaisir quand la pluie fouette impitoyablement les vitres. La fureur du tumulte me fait sentir plus vivante que jamais.  Mais le contraire aurait pu se produire… pour la bonne raison que le mélange de peurs et de précautions énumérées au paragraphe précédent était bel et bien celui de ma mère.

Maman n’a jamais pu dissiper ses angoisses à l’approche d’un orage parce que la foudre avait frappé sa maison dans sa tendre jeunesse. Alors, dès que ça grondait à l’extérieur, elle avait pris l’habitude de nous entraîner dans le placard, mon frère et moi, jusqu’à ce que tante Mariette nous découvre tous les trois un jour et recommande à maman de mettre fin à cette curieuse manie pour éviter de nous traumatiser pour la vie. Plus tard, nous avions beau expliquer à ma mère que sa maison était dorénavant protégée par les paratonnerres, elle partait s’asseoir dans le sous-sol et attendait qu’il n’y ait plus aucun signe de mauvais temps.

Encore aujourd’hui, mon frère et moi possédons une exubérance identique à la venue d’un orage. Mais savez-vous quoi ? Nos deux sœurs cadettes qui n’ont jamais mis le nez dans le placard sauf pour aller y ranger ou sortir quelque chose éprouvent les mêmes craintes que celles de ma mère. Curieux, n’est-ce pas ? Cette peur des orages, qu’elle soit justifiée ou irraisonnée, serait-elle un facteur héréditaire ?

Il est actuellement 15h et il y a une veille d’orages violents pour le secteur de Laval…      

jeudi 3 mai 2012

Contemplation


En avez-vous ras le pompon comme moi de ce printemps frileux tapi dans l’ombre de nos mille et une protestations ? Après nous avoir offert un avant-goût du paradis estival en mars, la température nous administre depuis des semaines une véritable douche froide. Inutile de rouspéter, mes amis, même une armée de Gabriel Nadeau-Dubois n’arriverait pas à raisonner Mère Nature !

Histoire de cultiver ma patience, faute de cultiver mon jardin, je me suis remise au yoga. Cette discipline qui allie la méditation à des exercices corporels adhère également à une saine philosophie de l’existence : « Il y a dans chaque moment un bon moment ; à nous d’en profiter. » Un des principes de cette sagesse indienne énonce que c’est dans la contemplation qu’on perçoit différemment les événements. Oubliez les images à caractère religieux du Maharishi Mahesh Yogi,  les jambes repliées et répétant « om » à répétitions ! C’est en plein air que tout se passe. Il suffit de rester attentif à ce qu’on ressent, à ce qu’on voit et touche, aux sons qu’on entend.

Je vous fais part de mes dernières observations. Les fleurs printanières et les arbres à floraison ont conservé une fraîcheur inaltérable, de toute évidence due à cette température humide et constante. Les magnolias ressemblent à d’immenses bouquets de fleurs roses. Les boutons sur les branches des pommetiers et des cerisiers sont sur le point d’éclore comme des milliers de popcorns sucrés. Par terre, c’est le festival éclaté des jonquilles, tulipes, jacinthes, muguets et muscaris. La rivière est demeurée sagement dans son lit cette saison ; l’eau d’un bleu verdâtre clapote doucement sur la berge. Une bande de canards barbote en plongeant ça et là leurs becs, puis décide tout à coup de sortir en me jetant un coup d’œil désintéressé. Je ne peux m’empêcher de sourire en les regardant s’éloigner en cancanant, leurs gros popotins remuant de gauche à droite. Sous cette humidité, les odeurs de terre, d’herbes et de feuilles imprègnent encore plus l’atmosphère. J’aspire une grande bolée d’air ; je ressens instantanément une dose massive d’énergie. En revenant à la maison, je m’amuse à calculer les différentes nuances de vert ; il y aurait de quoi garnir toute la palette d’un artiste !

Finalement, le printemps n’est pas si timide pour celui qui le découvre avec tous ses sens. En ces temps houleux de débats de société, nous sentons tous le besoin de nous ressourcer. La nature est là pour nous et comme le dit le proverbe, elle fait bien les choses…