En revenant de ma marche
quotidienne hier après-midi, j’ai rencontré ma petite voisine âgée de huit ans.
Sourire aux lèvres, je lui ai demandé si elle avait hâte au 25 décembre pour
que le Père Noël lui donne ses cadeaux. Sa réplique m'a laissée bouche bée :
« Tu crois qu’il va pouvoir venir même s’il n’y a pas de neige ? »
s’est-elle inquiétée. Pendant qu’elle anticipait intensément ma réponse, je
suis remontée dans le passé à la vitesse lumière.
Je viens tout juste d’avoir huit
ans. Avant de quitter la classe pour les vacances de Noël, Madame
Robichaud, mon professeur de troisième année, m’a remis un certificat de bonne
conduite que j’ai bien l’intention d’envoyer au Père Noël en même temps que ma
liste de cadeaux. Mon frère a éclaté de rire lorsque j’ai eu le malheur de lui
confier mon projet en retournant à la maison. « Hé ! Bébé lala! Le Père Noël, c'est
une invention des parents tout comme le Bonhomme Sept Heures. » Noooooon !
Mon étonnement s’est vite changé en doute
pour se transformer ensuite en grosse, grosse déception. Si le personnage n’existe
pas, donc le royaume du Pôle Nord, les rennes, les lutins… Hon ! Mon cœur de
petite fille a saigné ce jour-là.
Je suis rentrée chez moi et j’ai
déposé mon certificat sur la table de cuisine. J’ai dit à ma mère qu’il lui
appartenait dorénavant. Elle l’a pris, a souri et m’a donné un baiser sur le
front. « Je suis très fière de toi, ma grande ! » m’a-t-elle félicitée.
J’ai poussé un gros soupir en pensant que ce n’était vraiment pas amusant de
grandir. Ma sœur de cinq ans, qui me suit comme mon ombre dès que j’arrive de l’école, m'a tiré par la manche. « Tu viens m’aider à écrire la lettre au Père Noël ? »
m'a-t-elle demandé, en sautillant d’un pied sur l’autre. Elle tient une feuille
de papier dans ses mains sur laquelle elle a collé plein d’étoiles qui brillent
comme ses yeux. Chanceuse, va ! Sa tête est encore remplie de toutes ces
belles images qui occupaient la mienne, il n’y a pas dix minutes...
Sans rien lui dévoiler, j’ai aidé
ma sœur à écrire sa fameuse lettre et je l’ai fait les années suivantes jusqu’à ce qu’elle apprenne finalement la vérité. De la même façon, hier,
j’ai inventé une histoire pour entretenir les illusions de ma petite
voisine. La grâce de son sourire me fit reconnaître une réalité indéniable. Tant
que je déborderai d’imagination, les rêves de la gamine que j’étais à huit ans dureront
pour toujours.
Quelle belle histoire. À l'école, personne ne s'est échappé devant ta petite voisine de huit ans? Chanceuse qu'elle est en effet. J'en avais six quand ma mère m'a tout dit.
RépondreSupprimerMerci ClaudeL ! C'est pour ça que je suis restée bouche bée. Les enfants aujourd'hui ont accès a tellement d'informations. Tant mieux pour la petite ! Elle peux bien prendre son temps... :-)
RépondreSupprimerBeau billet, Francine.
RépondreSupprimerPour ses raisons à lui, je crois que chaque enfant décide lui-même quand il arrête de croire au Père Noël.
Je le crois aussi, Sylvie. N'y a-t-il rien de plus beau que l'émerveillement dans les yeux d'un enfant ?
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